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Page:Anicet, Ponson du Terrail, Blum - Rocambole-IA.djvu/27

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on nous donne tout ce que nous voulons… Oui, nous avons tout… excepté l’estime des autres et l’estime de nous-mêmes.

CERISE.

Ah ! Fanchette, pourquoi nous as-tu quittées ?

BACCARAT.

Oh ! tu ne sais pas encore tout ce que je souffre ; tu aimes, toi ! et tu seras la femme de celui que ton cœur a librement choisi ; il sera fier de toi. Moi aussi, j’aime de toutes les forces de mon âme ; mais celui que j’aime ne sera jamais mon mari ; et j’ai été trop heureuse qu’Armand voulût bien s’attacher à moi.

CERISE.

C’est… M. Armand que tu aimes ?…

TULIPE.

Oh ! il doit bien t’aimer : tu es si belle !

BACCARAT.

Je n’ai pas vu Armand depuis huit jours, et depuis huit jours je pleure, je me désespère, j’ai la fièvre ! Armand m’oublie, Armand aime une autre femme peut-être !

CERISE.

C’est impossible !

BACCARAT, pleurant et se laissant aller sur une chaise.

Oh ! si cela était, j’en mourrais, voyez-vous ! j’en mourrais !


Scène VI

Les Mêmes, WILLIAM, VENTURE, en costume de valet de pied.
WILLIAM, en dehors.

Mais, en effet, c’est bien sa voiture ! elle doit être ici !

BACCARAT, se levant vivement.

Quelqu’un ! Oh ! il ne faut pas qu’on me voie pleurer… Nous n’avons pas le droit d’être tristes, nous !

WILLIAM, entrant.

Eh ! tenez, que disais-je ? la voici. Ah ! chère dame, je vous prends en flagrant délit de banlieue.

BACCARAT.

Et vous-même ?

WILLIAM.

Ne vous ai-je pas promis de venir rendre visite à M. Armand, ce jeune peintre que vous protégez !