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ROMAN DE FLORENCE DE ROME


Car me laissiés aler a Ronme sur le fart
A Esmeré le biel, qui tenra l’estandart,
Car ja n’aréz par my ne change ne hazart ;
2450Mieus t’ameray veïr pendut a une hart,
Car tu as moult le coer traïttres et gaignart. »
Et quant Milles l’oÿ, qui le coer ot renart,
fol. 227 v°De bien battre Flourence n’ot point le coer couart ;
Il la mena ou bos, de doeil li coers li art,
2455Pour ce qu’elle ne veult point yestre de sa part.


LXXX[1]

Or s’en va li glous Milles par my le bos plainnier
Et s’en mainne Flourence, ou n’ot que courouchier.
« Aÿ ! Mille », dist elle, « c’or me voeilliés laissier
Et me laissiés a Ronme, s’il te plaist, repairier
2460Au courtois Esmeret, le nobile princhier,
Car je ne soufferay de ton corps le dangier ;
Ains me lairoie ardoir et les membres trenchier.
— Bielle », che dist Millon, « tout che devéz laissier,
Car jusques en Hongrie vous feray chevauchier.
2465La trouveray ma mere, que Dieus gard d’encombrier,
Qui vous fera fourment honnourer et prisier.
Illoecq vous prenderay, se Dieus plaist, a mouillier,
Couronner vous feray de couronne d’or mier,
Car c’est la chose au monde dont j’ay plus desirier :
2470Et de vostre gent corps acoller et baizier
Et de vous bien siervir de loial coer entier.
Dès or mais vous couvient Esmeret oubliier
Et pensser a mon corps amer et tenir chier,
Car en grans suide vous haulte honneur pourcachier. »
2475Et Flourenche respond : « Che ne vault un denier.
Je ne vous ameroie pour l’or de Monpellier,
S’otant aviéz d’onneur qu’Alixandre le fier. »
Lors a thiré sur diestre pour retourner arrier,

    2450 tameroie vir — 2453 le manque

  1. 2467 Illoecques — 2472 D. ore.