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Page:Aristote - Poétique et Rhétorique, trad. Ruelle.djvu/323

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langage de la conversation. C’est ce que fait Euripide et c’est lui qui, le premier, a donné l’exemple. Comme le discours est formé de noms et de verbes et qu’il y a autant d’espèces de noms qu’on l’a exposé dans la Poétique[1], il faut n’employer que rarement, et en peu d’occasions, les mots étrangers[2], les mots composés et les mots forgés. Quelles sont ces occasions, nous le dirons plus tard[3] ; pour quel motif (elles sont rares), nous l’avons dit[4], c’est que l’on s’éloigne ainsi davantage du style convenable.

VI. Le terme propre et familier, la métaphore, telles sont les seules expressions utiles pour l’élocution dans le discours pur et simple. La preuve en est dans ce fait que tout le monde n’emploie que celles-là. En effet, tout le monde use des métaphores dans la conversation, ainsi que des termes familiers et propres. Et par suite, il est évident que, si l’on procède avec habileté, on aura un langage étranger, l’art se dérobera et l’on sera clair, ce qui était tout à l’heure la qualité principale du langage oratoire.

VII. Parmi les noms, les homonymies[5] sont surtout utiles au sophiste, car c’est grâce à elles qu’il accomplit sa mauvaise action ; les synonymies seront surtout utiles au poète : or je parle ici des termes à la fois synonymes et propres ; par exemple, πορεύεσθαι et βαδΙζειν[6], qui sont tous deux propres et synonymes l’un de l’autre. Qu’est-ce que signifie chacune de ces qualifications ; combien y a-t-il d’espèces de méta-

  1. Chap. XXI.
  2. Γλὡτται, les mots étrangers, inusités, étranges.
  3. Chap. III et VII.
  4. Ci-dessus, § 4.
  5. Ou équivoques. Voir dans les Catégories, chap. 1er, la définition des termes ὁμώνυμα, συνώνυμα et παρώνυμα.
  6. Ces mots signifient tous deux marcher, aller.