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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/77

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battu pour le triomphe d’une idée, dans un but sublime d’affranchissement et de progrès. Aujourd’hui, vous connaissez vos adversaires. Vous : savez qu’ils sont sans entrailles, et c’est pour vous mêmes que vous avez à combattre, pour disputer votre vie, celle de vos femmes, de vos enfants, de vos vieux pères, aux vengeances de la réaction.

» Ne vous faites pas d’illusion. Ce ne sont pas seulement vos chefs qui risquent leur tête dans cette lutte gigantesque. Tous, vous êtes marqués pour la mort, si nos ennemis triomphent. Et quand je dis tous, entendez-moi bien. Je ne parle pas seulement de ceux qui ont pris le fusil, qui ont fait acte d’énergie. Non ! c’est à Paris tout entier que Versailles en veut, c’est à ce peuple qu’on peut vaincre, mais qu’on ne peut abrutir, qu’on peut enchaîner, mais qui garde dans la défaite, comme sous le joug, sa libre pensée, son mépris et sa haine de qui l’écrase. Pour ce peuple, il n’y a pas de pardon, pour cette Cité, tête et bras de la Révolution moderne, il n’y a pas de merci à espérer. On vous frappera tous, sans distinction, non pour ce que vous avez fait tel ou tel jour, mais pour ce que vous êtes capables de faire, et pour ce que vous pensez. On vous frappera tous sans distinction d’âge, de sexe, ni de grade, parce qu’on vous craint tous indistinctement, parce qu’on sait que vous êtes tous indistinctement des juges qu’on ne peut acheter, des consciences qu’on ne peut éteindre, tous coupables de penser, d’espérer, de vouloir. »

Six semaines après, dans la retraite où j’échappais aux recherches de la police redevenue maîtresse de Paris, la personne qui m’avait arraché à la mort en me donnant l’hospitalité me rappor-