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Page:Arnould - Histoire populaire et parlementaire de la Commune de Paris, v3.djvu/90

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dignité, sans amertume apparente, se contentant de prouver que les opérations militaires avaient été de mal en pis, depuis son arrestation, ce qui malheureusement n’était que trop vrai.

En ce moment même, il était environ quatre heures, le citoyen Billioray, membre du Comité de salut public, entra dans la salle, et demanda la parole d’urgence pour une communication.

Alors il lut une dépêche de l’héroïque Dombrowski, annonçant que les Versaillais venaient d’entrer dans Paris, en passant par la brèche de la porte de Saint-Cloud, et qu’il allait se replier sur la seconde ligne de défense.

A la suite de cette lecture, il régna un silence profond dans l’assemblée.

Pas un mot, pas un mouvement, pas même un murmure.

Vallès, qui présidait ce jour-là, et qui a naturellement l’instinct du grand, laissa s’écouler environ une minute, puis tranquillement, comme si rien n’était survenu, prononça ces paroles, d’une voix calme, avec un geste plein de dignité :

— Le Comité de salut public n’a pas d’autre communication à nous faire ? — Alors la parole — est au citoyen *** qui l’a demandée.

Tout cela se passa avec tant de rapidité et de simplicité, qu’un de nos collègues, assis à côté de moi, et qui s’était endormi, accablé par la fatigue de plusieurs nuits sans sommeil, ne se réveilla point, et n’apprit l’entrée des Versaillais que par moi, lorsque nous sortions de la séance.

La Commune ne devait plus se réunir, mais, grâce à la présence d’esprit de Vallès, à l’accent qu’il mit dans les paroles que je viens de rapporter, la Commune reçut impassible en apparence