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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/165

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— Ta confiance appelle la mienne, interrompit vivement Clovis ; le christianisme avait été dénoncé à ma vengeance : on vint me dire qu’il éteignait toute ardeur guerrière. Le chrétien, m’assurait-on, n’a plus ni patrie, ni courage. Privé du combat que son culte interdit, au lieu de lauriers, on le couvre de cendres. Ma colère allait réveiller les supplices ; mais un jour, dans la chaleur d’une bataille indécise, il fallait un dernier effort ; quelques unes de mes légions en abusèrent. Pour marcher, elles m’imposèrent des conditions : d’avance elles me firent payer la victoire. Je triomphai. En revenant du carnage, j’aperçus une cohorte toute mutilée : « Soldats ! m’écriai-je, que voulez-vous pour tant d’exploits ? — Rien, me répondirent-ils ; notre récompense n’est pas de ce monde. Dieu nous a dit de te défendre, toi, le roi ; toi, le fils et le représentant de la patrie. Notre sang t’appartient : Dieu nous en tiendra compte… » C’étaient des chrétiens. Maintenant continue ; un tel exemple m’avait disposé à t’entendre.