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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/197

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l’imagination. Pendant quelques heures, je sais vivre de la vie des autres, et, s’il ne m’est pas accordé de ressusciter les personnages historiques avec leur enveloppe terrestre, du moins je rallume leurs passions que j’oblige à venir gronder dans mes entrailles. Je suis un peu comme la pythonisse : le théâtre c’est mon trépied.

« Il n’est pas besoin de vous avertir, je pense, qu’il s’agit ici d’un acteur ayant déjà vingt ans d’exercice. Il y a dans notre art une partie en quelque sorte mécanique qu’il faut apprendre par d’autres moyens, par une sorte de routine. Ce n’est qu’après s’y être soumis, ce n’est qu’au moment où l’on va franchir la barrière devant laquelle s’arrête la médiocrité, qu’on peut se livrer à ce travail de méditation. Je le pousse si loin, que j’y apporte par le secours de la mémoire les inspirations imprévues de la scène. Les inflexions de ma voix, l’expression de mes traits, le langage du geste, je recueille tout. Mon intelligence soumet alors ces nouveautés à sa révision, les épure, les