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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/198

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fixe dans mon souvenir et les y conserve en dépôt pour les renouveler à ma volonté dans les représentations suivantes.

« Et d’ordinaire, c’est le soir même, dans la coulisse, que, mettant à profit l’intervalle d’une scène à l’autre, je me livre à cette manière d’étudier. Rarement je songe à la scène qui va commencer, mais toujours à celle qui vient de finir. Ainsi je me rends compte de mon jeu presque en jouant. Si j’ai bien fait, je le grave dans ma mémoire pour toujours faire de même ; aussi, quand je rencontre un effet heureux, c’est pour moi une richesse, et je ne la perds jamais. Si, au contraire, j’ai été faible, ou faux, ou exagéré, je me censure sur-le-champ, pour ne plus retomber, autant que cela m’est possible, dans les mêmes défauts.

« Je consulte souvent aussi les hommes instruits et célèbres. J’interroge le souvenir de ceux de mes camarades qui ont vu Lekain, Brisard, Grandval, Clairon et Dumesnil, ces gloires de l’ancien théâtre français.