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on contemplait ce lugubre spectacle. Pas un cri ne s’échappe du milieu des citoyens et du peuple, mais la stupeur est sur tous les visages. Chacun prête l’oreille ; ce n’est ni du tumulte ni du calme : c’était le silence des grandes terreurs, des grandes colères. On vint dire pourtant à Othon que le peuple prenait les armes contre lui. Aussitôt il ordonne de se hâter afin de maîtriser le danger. Alors des soldats romains, comme s’il se fût agi de précipiter Vologès ou Pacorus du trône antique des Arsacides, et non d’aller égorger leur empereur, vieillard faible et désarmé, dispersent le peuple, foulent au pied le sénat, menacent de leurs glaives, hâtent la rapidité de leurs chevaux, et s’élancent dans le Forum. Ni l’aspect du Capitole, ni la sainteté des temples qui s’élèvent autour d’eux, ni le souvenir des anciens empereurs, ni la crainte des empereurs à venir, rien ne les effraie dans la consommation d’un crime dont le vengeur est toujours celui-là même qui en profite.