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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/46

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tellerie où j’étais descendu, je sortis pour visiter d’abord le village. Cette promenade avait aussi un but d’utilité. Ma barbe un peu longue me fit chercher un barbier ; je le trouvai. Il était seul dans sa boutique. J’entrai ; le barbier était un grand jeune homme fort laid, mais d’une figure assez noble. Elle me frappa. Je me mis à le regarder ; de son côté, il me regarda. Pendant que sa main agile faisait écumer le savon dans un plat d’étain, il me dit : « Seigneur, n’êtes-vous pas déjà venu dans ce village ? — Non, mon ami. — C’est singulier. Certainement je ne vois pas votre figure pour la première fois. — La vôtre aussi ne m’est pas inconnue. »

« Tout en causant, le barbier d’une main légère dépouille mon menton. À peine eut-il achevé, qu’il s’écria : « Ah ! miséricorde divine ! maintenant que je vois mieux vos traits… n’êtes-vous pas un marchand de Zamora ? — Comment le savez-vous ? — Vous étiez l’ami d’Ambrosio Gavino. — Gavino ! L’auriez-vous connu ? — Ah ! seigneur Gaspard, pouvez-vous méconnaître son