Aller au contenu

Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 30 —

fils ? — Le fils de Gavino ! Et lequel ? — Fabrice. — Le premier médecin du roi ? — Pas même son barbier. — Est-il possible, vous, Fabrice, vous ! Mais oui, voilà bien les yeux, l’air, et jusqu’au son de voix de mon ami. » À ces mots, j’ouvris les bras, il s’y précipita. Les plus douces larmes témoignèrent de l’émotion de nos âmes prêtes à se confondre. J’accablai Fabrice de questions, mais je lui en faisais tant et tant à la fois, qu’il ne savait à laquelle répondre. « Nous parlerons de tout cela à table, lui dis-je, viens, viens dîner avec moi. » Il ferma sa boutique. Nous voilà nous acheminant vers mon hôtellerie. Je courus à la cuisine pour faire doubler mon repas, pour le changer, s’il était possible, en festin. Pendant ce temps, Fabrice qui m’avait suivi regardait un soldat debout, mais pas trop d’aplomb sur sa jambe de bois, et buvant dans un verre grossier un vin plus grossier encore. « Que regardes-tu donc, lui dis-je ? — Ce soldat. — Le connais-tu ? — Il me semble… Voyez comme mon cœur est ému. » Le soldat qui croit entendre parler de lui se retourne.