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Page:Audibert Histoire et roman 1834.djvu/94

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vainqueur sur le sort de la journée. En effet, le courage des Danois s’éteint avec la vie de leur chef. Ils sentent qu’ils n’ont plus même l’espoir de la fuite ; qu’ils n’auront pas la consolation, en regagnant la patrie, de pleurer sur les flots, qu’ils n’iront pas raconter au foyer domestique leurs exploits malheureux. On se bat encore ; mais non pour le succès de l’entreprise, non pour le triomphe de l’armée : chacun se bat pour son propre salut ; l’œil chercherait en vain des bataillons, c’est un amas de guerriers sur qui les chefs n’ont plus d’autorité. Loin de songer à vaincre, c’est à qui se fera jour pour abandonner plus vite la bataille. On les chasse jusqu’à la rivière où la foule s’encombre : les uns parviennent à la franchir, les autres tombent et sont écrasés par ceux qui les suivent ; le plus grand nombre à genoux demande grâce. Trente mille demeurent captifs. De leurs chariots, de leurs tentes, de leurs armes, de leurs boucliers brisés, fracassés, on en fait un trophée énorme, au milieu même de la plaine fumante de carnage. Au-dessus de cet étrange monument on plante la ban-