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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/166

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ils répugnaient à faire commerce. Les fonctionnaires locaux vivant au milieu de ces populations misérables, furent unanimes à protester contre cette aggravation des charges fiscales, décidée à Tananarive par le gouvernement général. Ils ne furent pas écoutés par des bureaux désireux de présenter au ministre un budget avec excédent de recettes, et indifférents aux difficultés rencontrées par les exécuteurs de leurs décisions. Le gouvernement général, d’autre part, jugeait l’esprit des populations du sud-est, d’après les rapports politiques des chefs de province de Farafangana et de Fort-Dauphin. Ces fonctionnaires, pour faire valoir l’habileté, la sagesse de leur gestion, représentaient leurs indigènes comme entièrement soumis. Au moment des premiers actes de rébellion, appuyé sur ces documents, le général Galliéni pouvait, en toute conscience, écrire au ministre que le mouvement insurrectionnel avait éclaté tandis que la tranquillité était absolue et la sécurité entière. Ainsi résumait-il les rapports dans lesquels lui avait été dépeint, par ses agents, l’état de la région.

Aux charges de la capitation s’ajoutait l’impôt sur les bœufs. Très légitime en soi, cet impôt était impopulaire, et parce qu’il pesait sur un bien de nul rapport, et en raison des abus qui en accompagnaient la perception.

Les bœufs à Madagascar, dans le sud plus qu’ailleurs, étaient une richesse ne produisant pas de revenu, quelque chose comme une collection d’objets d’art en Europe. De par le nombre de bœufs possédés s’évaluait la fortune, la situation sociale d’un indigène. De ces bœufs, signe extérieur de son importance sociale, l’indigène ne faisait pas commerce, ne consentait pas à se défaire.