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Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/186

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En septembre 1904, le lieutenant Baguet, cerne, pensant y trouver un assassin, le village de Vangavato. La reconnaissance tire sur les habitants qui fuient à travers les cactus et tue le fils de Tsirefy qui, dit le lieutenant Baguet, « était d’une nature très douce et n’avait certainement jamais fait de mal à personne ». Tant pis, « comme on dit en langage trivial, on ne peut faire d’omelette sans casser des œufs ».

Mais les indigènes ne sont pas victimes seulement de patrouilles tirant dans le tas, au risque de casser quelques œufs, comme l’écrivait le lieutenant Baguet.

Les exécutions sommaires, sans jugement, sur l’ordre d’un officier, d’un sous-officier, parfois d’un simple soldat, sont de pratique courante.

Le plus souvent l’indigène est tué par un tirailleur, un milicien chargé de sa garde. Le gardien a pour consigne de tirer sur tout prisonnier qui cherche à s’échapper, et les tentatives d’évasion sont si fréquentes que, d’évidence, la consigne véritable est de tirer… sous prétexte que le prisonnier a cherché à fuir.

De Ranotsara l’adjudant de Beon (21 novembre 1904) signale que le chef Tsirafy, détenu pour avoir donné asile à des étrangers, a tenté de s’enfuir et a été tué. Le tirailleur Mary rencontre un indigène sans carte ni passeport : l’indigène fuit, le tirailleur le frappe d’un coup de sagaie ; le fuyard ne s’arrêtant pas est tué d’un coup de fusil.

De Soarano l’adjudant Colomer (1er octobre 1904) annonce que le nommé Remosy, détenu parce qu’il avait changé de résidence, ayant tenté de s’évader, a été tué d’un coup de fusil.