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Page:Aulnoy - Contes des fées, 1868.djvu/297

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LE PRINCE LUTIN

votre ordre qu’on m’assassine, je suis fâché de m’être défendu.

— Insolent ! s’écria le prince en colère, si jamais vous paraissez devant moi, je vous ferai mourir.

Comme il ne pouvait tenir tête au fils du roi, Léandre résolut de voyager ; mais au moment de partir, il voulut porter du lait et des fruits à la couleuvre. En ouvrant la porte, il vit une dame à l’air noble et majestueux ; elle avait un habit de satin amaranthe, brodé de perles, et lui dit :

— Je suis la fée Gentille ; vous saurez que nous vivons cent ans sans vieillir ; mais ce terme expiré, nous devenons couleuvres pendant huit jours, et si l’on nous tue pendant ce temps, nous ne ressuscitons plus : ces huit jours écoulés, nous reprenons notre beauté avec notre pouvoir et nos trésors. Vous voyez le service que vous m’avez rendu en épargnant la cou-