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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/14

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presse ; aussi ne jetterons-nous qu’un coup d’œil rapide, à titre purement préliminaire, sur la période antérieure à 1789.

Sous l’ancien régime, la liberté d’écrire et de répandre la pensée a généralement été entravée par des mesures de police tout à fait arbitraires et par des pénalités excessives, quelquefois, mais trop rarement, adoucies dans la pratique.

Au xive et au xve siècle, l’Université était investie du droit d’examiner, de corriger et d’approuver les ouvrages mis en circulation ; elle exerçait sur le commerce de la librairie un contrôle auquel les libraires devaient se soumettre d’avance par serment. C’était le règne de la censure dans toute sa simplicité et dans tout l’éclat de sa première jeunesse.

Les livres étaient alors rares et fort chers. Les maîtres et écoliers, trop pauvres pour acheter les manuscrits qui leur étaient utiles, avaient le droit de les louer afin de les copier, moyennant un salaire fixé par l’Université. Pour prévenir les fraudes de toute nature, éviter les interpolations et corriger les fautes des copistes, les manuscrits étaient soumis aux docteurs de la faculté compétente, suivant les matières qui s’y trouvaient traitées. Ceux-ci les revisaient et les revêtaient de leur approbation avant de les livrer au public[1].

L’Université ne se bornait pas à imposer aux libraires une censure préalable ; elle leur enlevait même la faculté de fixer à leur gré le prix des livres mis en vente. Des règlements minutieux imposaient des tarifs précis comme une série d’articles d’une sorte de loi de maximum. « Les imprimeurs et les libraires de Paris ne pouvaient, avant 1789, établir leur domicile en dehors d’une circonscription déterminée ; c’est encore le quartier où un grand nombre d’entre eux s’est maintenu. La Révolution leur donna la liberté de choisir dans toute l’étendue de la ville le lieu qui leur semblait Le mieux répondre à leurs intentions et à leurs intérêts[2]. »

En revanche, les libraires, considérés comme des suppôts de l’Université, participaient à tous les privilèges de cette grande corporation, « Ils étaient exempts de tous péages, aides et impositions : ils étaient dispensés du guet. Enfin, quand venaient les grandes fêtes de l’Université présidées par le recteur lui-même, ils étaient convoqués dans

  1. Dubreuil, Antiquités de Paris. p. 118. — Peignot, Essai sur la liberté d’écrire et sur la liberté de presse, Paris, 1832.
  2. L’imprimerie et la librairie à Paris de 1789 à 1813, par Paul Delalain (Libr. Delalain frères).