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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/54

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HISTOIRE DE LA PRESSE FRANÇAISE

préalable ; les intérêts de la religion, des bonnes mœurs et de l’Église doivent tout dominer. Le plus souvent cependant les intérêts du trône sont unis à ceux de l’autel dans une étroite solidarité.

Le clergé d’Anjou demande « qu’aucun ouvrage concernant la religion, les mœurs et le gouvernement ne soit imprimé sans les noms de l’auteur et de l’imprimeur, et sans l’approbation des censeurs, qui seront établis à cet effet dans les endroits où il y aura imprimerie ». Le clergé du Boulonnais veut qu’on mette les plus grandes entraves à la liberté de la presse. « L’essai qu’on fait, dit-il, dans le moment actuel de cette malheureuse liberté de la presse montre les horreurs qu’elle est capable de produire et confirme de plus en plus l’absolue nécessité d’en réprimer les excès. Il est donc de la sagesse de Sa Majesté de renouveler les ordonnances et édits de 1547 et de 1551 déjà rendus sur cette matière, et surtout de tenir la main à leur exécution. »

Le clergé de la prévôté et vicomte de Paris hors les murs exprime des vœux analogues. Aucun ouvrage ne doit pouvoir « être imprimé ou débité dans le royaume, à moins qu’au préalable il n’ait été examiné et que l’impression ou la distribution n’en ait été permise ».

Le clergé d’Amiens a des vues plus originales. Il demande avec instance « que la librairie soit désormais soumise à une inspection aussi sévère qu’éclairée, et qu’il soit établi une chambre composée d’un magistrat intègre, d’un homme de lettres incorruptible et d’un théologien exact qui motiveront leurs jugements. »

Le clergé de Dax va plus loin. Il veut « qu’on déclare incapables de toutes charges, places dans les académies, les collèges et les universités, les auteurs convaincus d’avoir écrit contre la religion, les mœurs ou le gouvernement ». Il ajoute « qu’il serait à désirer que S. M. voulût bien ordonner, conformément aux États de Blois, qu’aucun livre sur la religion ne fût imprimé et vendu sans avoir et approuvé par l’évêque diocésain ou ses vicaires généraux dans les villes où il n’y a ni censeurs royaux, ni faculté de théologie… qu’aucun marchand colporteur ne puisse exposer des livres en vente sans en avoir présenté la liste à l’évêque diocésain dans les villes épiscopales, on aux curés dans les villes éloignées ».

Enfla le clergé de Hantes demande « qu’une loi, renouvelant les anciennes, proscrive d’une manière efficace cette foule d’écrits qui se répandent de tous cotés contre la religion ». Il serait a souhaiter, ajoute t-il. « qu’il fût établi, surtout dans la capitale, un comité