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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/55

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LA LIBERTÉ DE LA PRESSE

ecclésiastique (par exemple la faculté de théologie), de veiller à l’exécution de ces lois, et autorisé à dénoncer légalement ces sortes d’ouvrages au ministère public, après les avoir examinés, en avoir analysé les erreurs et les avoir combattus par une réfutation sommaire. »

Certaines assemblées du clergé, prévoyant que la censure pourrait bien être supprimée et la liberté de la presse accordée, demandent, dans ce cas, une répression sévère de tous les abus pouvant en résulter. C’est le cas de l’assemblée du clergé de Rouen, qui donne mandat à ses députés « dans le cas où la liberté de la presse serait accordée contre le vœu du clergé, de demander que l’on condamne à des peines sévères tous les auteurs, libraires ou colporteurs qui seraient convaincus d’avoir composé ou distribué des ouvrages contre la religion ou les mœurs ».

On voit de quel esprit d’hostilité résolue contre la presse était animé le clergé. Pour lui. la presse est comme le véhicule de l’esprit philosophique, contre lequel il s’élève avec indignation. « Un esprit de philosophie et d’impiété, dit le clergé d’Auch, a répandu depuis quelques années dans tout le royaume un esprit de système qui altère tous les principes religieux et politiques, qui a porté les atteintes les plus mortelles à la foi et aux mœurs, et relâché les liens les plus sacrés de la société. Effet funeste de ce nombre prodigieux d’ouvrages scandaleux, fruits malheureux de l’amour de l’indépendance, enfantés par le libertinage et l’incrédulité, où l’on attaque avec une égale audace la foi, la pudeur, le trône et l’autel. Livres impures et corrupteurs, qui, circulant de toutes parts, ont semé le poison dans tous les états et ont ôté au peuple fiançais une partie de son énergie. »

Mais la noblesse et le tiers état manifestent des sentiments opposés. Ils se prononcent résolument en faveur de la liberté de la presse ; ils demandent cependant, à titre de garantie, que les auteurs et les imprimeurs signent leurs œuvres et en soient personnellement responsables devant la juridiction répressive ; ce qui est de toute justice.

Le point capital sur lequel s’accordent la noblesse et le tiers état, c’est la nécessité de détruire la censure préalable et toutes entraves préventives, que le clergé voudrait maintenir et même renforcer. Les cahiers du tiers et de la noblesse mettent en évidence et célèbrent