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Page:Bérard - Un mensonge de la science allemande, 1917.djvu/135

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adversaires et ses partisans n’ont jamais pu, non pas d’un camp à l’autre, mais au sein du même camp, se mettre d’accord sur la direction qu’indiquaient les Prolégomènes.

Wolf croyait-il et voulait-il que ses lecteurs crussent à l’existence d’Homère ?

Wolf croyait-il et voulait-il que ses lecteurs crussent à l’unité fondamentale et de l’Iliade et de l’Odyssée ?

Enfin Wolf croyait-il que l’Iliade et l’Odyssée fussent de la même bouche, sinon de la même main ?

Existence d’un Homère personnel et conscient ; unité de plan et d’exécution dans chacun des deux poèmes ; unité d’auteur, prouvée par l’unité de langue, de procédés et de formules entre les deux poèmes : tout le débat de la critique homérique depuis un siècle roule là-dessus. Depuis un siècle, on a fait sortir ce débat des « théories de Wolf ». Or, même après cent ans d’exégèse, il est encore impossible aujourd’hui de répondre avec certitude aux trois questions posées plus haut : que l’on choisisse la négative ou l’affirmative, on trouvera toujours des textes de Wolf pour alimenter la controverse.

Wolf ne croit ni à l’existence d’Homère ni à l’unité fondamentale des deux poèmes, encore moins à l’œuvre d’un seul auteur pour tous les deux, puisqu’il dit à la page 39 des Prolégomènes : « Si, comme l’ont soupçonné quelques-uns non sans raison, si non nullorum probabilis est suspicio, les poèmes homériques et ceux du même temps n’ont pas été confiés à l’écriture, mais ont été composés de mémoire et publiés par le chant, puis transmis par des rhapsodes dont c’était le métier... ; si leur réunion en deux séries et leur contexture sont l’œuvre moins du seul génie, auquel nous attribuons d’habitude ces deux poèmes, que de plusieurs talents d’un âge plus civilisé ; si l’on peut démontrer par des arguments et des raisons plausibles que les chants