Aller au contenu

Page:Baby - C.E. Casgrain — mémoires de famille, 1869.djvu/183

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
C. E. CASGRAIN.

portant, je me rassurais, mais dès qu’il devenait malade, toutes mes craintes se réveillaient. J’avais trop souvent mesuré d’avance, pour ne pas comprendre dans toute son étendue, l’abîme qui s’ouvrait devant moi. Rester seule, avec treize enfants, la plupart en bas âge, privée de celui qui avait toujours été mon guide et mon soutien, me semblait impossible. Agenouillée à côté de lui, j’attendais que Dieu terminât ses souffrances, et je lui demandais de recevoir son âme dans son infinie miséricorde. Tous les assistants joignaient leurs prières aux miennes. Je n’avais jamais vu ses yeux briller d’un éclat si vif et si expressif qu’au moment d’expirer. Sa vue s’obscurcissant, il dit à plusieurs reprises : bonsoir, bonsoir, et ajoutant : bonsoir tout le monde, avec un accent inexprimable, et articulant quelques mots de prières que je ne compris pas, il rendit sa