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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/23

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le soir, s’absente quelquefois plusieurs jours. Il s’habille n’importe comment, plutôt mal que bien.

Il n’en a pas toujours été ainsi. Autrefois, il se parait d’une montre en or, d’une épingle en or, d’une chaîne en or, et sans doute des vêtements que comporte ce luxe d’objets en or. Je ne m’en souviens pas : j’étais trop petit. Maman m’en a parlé.

— Tes mains n’étaient pas bien grandes. Tu gigotais sur le dos. Ton père se penchait sur toi. Pouf ! tu attrapais sa chaîne et la montre filait dans ta bouche. Tu étais déjà bien malin.

Les mamans s’émerveillent de peu. Disons simplement que je faisais mes premières dents. Je donnais, paraît-il, d’autres preuves d’intelligence. C’est moi qui ne me laissai pas effrayer par un Monsieur qui avait pourtant une bien longue barbe. Il demanda à brûle-pourpoint, de sa grosse voix : « Et toi, saurais-tu dire ce que font les petits poissons dans la mer ? » Et moi, sans hésiter : « I nazent. » Le mot fit le tour de la famille. Quand il revint, un autre petit garçon avait dit : « On s’ennuie ici, allons ailleurs. » Mais certainement cette réponse avait été arrangée par les grands.

— Et plus tard, s’extasiait maman, quand