Aller au contenu

Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le café servi avec les flacons de liqueur, on l’abandonnait à son sort et le repas commençait, entre domestiques. Là, moins de cérémonie. On buvait largement ; on se passait les plats en riant. Placé près de la femme de chambre, le valet la voulait embrasser. Un jour il avança la main vers le haut du corps où c’est plus gros chez la femme. Elle lui lança une gifle. Une autre fois, elle ne lança pas sa gifle. Et que faisaient les mains ? Je regardai de tous mes yeux. Malheureusement on ferma la fenêtre. Et je ne vis plus rien.

Faut-il parler de l’école ? La peur des bousculades, une impression d’isolement malgré cent camarades. C’est tout ce qui m’en reste. Je sus lire très vite, et lire me passionna parce que mes livres racontaient des histoires. Dans ses bons jours, maman m’en racontait aussi. Les fées, les sirènes. Je crains de m’expliquer mal. J’avais conservé le morceau de verre tombé de notre lustre. Quand je l’appliquais devant mon œil, les choses s’entouraient de toutes sortes de couleurs surprenantes qu’elles n’avaient pas sans cela. Entendre une histoire : je regardais à travers mon verre, j’entrais dans un monde, bleu, vert, orange, où tout s’arrangeait, et plus agréable à habiter que le nôtre.