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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/41

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faire partie du tramway tout de son long par terre. Cela dura quelques secondes, les voyageurs s’affolant, le receveur tirant sur sa sonnette : « Lâchez donc ! Mais lâchez donc », M. le curé ne lâchant rien du tout. C’était mon arrêt aussi. Je me précipitai ; je le remis debout ; je courus après son chapeau ; j’époussetai sa soutane :

— Vous ne vous êtes pas fait mal, Monsieur le Curé ?

Mais il ne pensait guère à son mal. Il remuait les bras. Il avait l’air de prêcher :

— Tout de même être curé et se flanquer par terre.

Et cette idée sans doute lui tenait au cœur, car je le suivis sur le pont où je l’époussetai encore, nous entrâmes dans la rue Saint-Louis où je lui tendis son chapeau, on s’arrêta devant sa porte où très honnêtement il se coiffa et pendant tout ce trajet :

— Tout de même être curé et se flanquer par terre.

Quelques jours après, on me présenta à mon professeur de catéchisme, et c’était lui. Il me regarda avec inquiétude. Il avait tort. Depuis longtemps je m’étais mis en tête qu’il valait mieux ne dire à personne que M. le Curé…

J’aimai beaucoup mes leçons de caté-