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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/42

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chisme. Les Anges, les Saints, le Bon Dieu, c’était beau comme les sirènes et les fées. Je sentais bien une différence puisqu’il s’agissait maintenant de ce qu’on appelait « le salut éternel ». Quand même j’embrouillais un peu : c’était le même monde attirant où les choses étaient bleues, oranges, autres que dans celui-ci. Et puis, j’avais déjà mes petits scrupules d’absolu. On m’affirmait : « Il faut croire en Dieu ». Dur comme pierre, je croyais en Dieu. « Aimer la Vierge ». je regardais la statue et sous son manteau blanc, sa couronne sur la tête, je m’efforçais d’aimer la Reine du Ciel que représentait cette statue. Le jour où M. le Curé décrivit, clou par clou, la mise en croix de Jésus, ces pointes pénétrèrent dans ma chair et quand le soldat avec sa lance… je poussai un cri et roulai sous mon banc.

Par malheur, il y eut bientôt des leçons plus effrayantes. M. le Curé y mettait de l’éloquence. Certaines de ses phrases me sont restées. Il m’arrive bien souvent de les réentendre. Par exemple, quand M. le Curé parla de la mort. Ah ! la mort ! Ce n’était plus un pauvre petit chat, la tête en bas, à la surface de l’eau. On monta tout exprès en chaire :

— Ouvrez l’Histoire, mes enfants. Lisez la vie des grands hommes. Que verrez-vous