Aller au contenu

Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au bout ? Toujours le même mot. Alexandre le Grand, mes enfants, il a fait ceci, il a fait cela, puis… (M. le Curé lançait le poing sur la chaire : boum !) Mortuus est. César, il a fait ceci, il a fait cela… boum ! Mortuus est. Auguste ? Mortuus est. Charlemagne, Louis XIV, Napoléon, boum ! boum ! boum ! Mortuus est ! Mortuus est !

Sauf Napoléon, je ne connaissais guère ces grands hommes ; mais à chaque boum quelque chose sursautait dans mon dos et ma tête.

Une autre fois, il jeta les bras en avant, le corps en arrière, comme si on lui cassait sous le nez une douzaine d’œufs pourris :

— Le péché, mes enfants, qui met Dieu en colère, le péché quand on pense, le péché quand on agit, ce péché dont vous aurez à retenir le nombre, à connaître la gravité pour l’avouer à confesse, sous peine d’un autre péché plus grand encore, boum ! le sacrilège.

Il y avait surtout le péché contre le sixième commandement « si horrible, disait M. le Curé, que les anges, quand on le commet, se détournent pour ne pas le voir ».

— Et le diable, mes enfants !

M. le Curé avançait sur la pointe des pieds, regardant à droite, à gauche et donnant une expression féroce à sa figure pourtant si douce :