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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/44

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— Il rôde ainsi, en vous, autour de vous. Il commence par vous dire : « Ne craignez rien : vous savez bien que je n’existe pas… » et boum ! il saute sur vous, prend votre âme et la jette dans le péché mortel.

Le diable qui rôde, Dieu en colère, les Anges qui se détournent, la nuit je n’osais pas dormir. J’examinais ma conscience. Ah ! je le savais bien : le péché entre en vous sans qu’on le sache. On pense nourrir un chat : on ment. On veut ne pas avoir menti : on vole. Je croyais n’avoir offensé que maman : j’avais offensé Dieu. Et mon corps ! Oh ! oui, je voulais être chaste, ne pas détourner de moi le regard des anges, mais ce corps dangereux, ne l’avais-je pas touché — ne le touchais-je pas encore — en quelque endroit défendu ? Avais-je bien fait mes signes de croix ? Récité sans distraction mes prières ?

Une chose me tourmentait. Mes parents n’allaient jamais à l’église. Ne me devais-je pas de les convertir ? Et comment m’y prendre ? Maman, quand j’en parlais, souriait ; papa me regardait avec des yeux de pur Lou… Alors, dans quel état se trouvait mon âme ? M. le Curé nous avait raconté une anecdote terrible. La Mort rôde comme le Diable, elle vous surprend à l’improviste ; un pécheur était entré dans une maison de perdi-