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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/45

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tion pour la dernière fois, avec l’intention de se confesser après, et en sortant, il était tombé mort sur le seuil et son âme avait comparu, chargée de péchés, devant son juge. Je me relevais, je regardais sous mon lit. Si un homme se cachait là pour me donner cette « mort subite ».

Il y avait encore les vœux. J’avais lu cela : dans un livre. On promet une chose à Dieu, : on est lié. Quand je me proposais : « Je vais faire ceci » n’était-ce pas un vœu ? Et quand sans le dire formellement, on le pense ? Mon attention attirée là-dessus, je le pensais à tout instant. Je m’empêtrais dans mes vœux.

Pour la communion, je m’étais arrangé une explication que mon professeur eût peut-être jugée hérétique et qui se classe certes dans la série de mes « Niaiseries ». Incarné dans l’hostie, Dieu devenait un boyard. Oui, un boyard. Je tenais ce mot, et quelques autres, d’un ami de papa, un Russe que je voyais quelquefois et appelais par affection l’oncle Maryan. Alors ce boyard daignait visiter mon isba. Il s’agissait de la tenir propre : de beaux draps blancs, des vertus en guirlande, pas de poussières, aucun de ces vilains péchés qui sentent l’œuf pourri, car sinon gare ! je retombais dans les phrases de mon professeur, le boyard-Dieu s’irritait,