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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/62

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pensais à maman. Je me souviens : lorsqu’on voulut ouvrir mon paquet, je m’y opposai en sanglotant : maman avait repassé ce linge ; il fallait le laisser dans les plis qu’elle lui avait donnés.

— C’est très bien cela, petit, dit mon oncle. On te procurera le nécessaire. N’est-ce pas, Varia ?

— Bien sûr.

Je soupçonne fort ce brave homme d’avoir écrit de sa propre main certaine lettre qu’il me lut, dans laquelle maman annonçait qu’elle était guérie, et me conseillait vivement de profiter de mes vacances :

— Tu es content ? Alors cours mon petit. Va sur le plateau, descends dans la grotte, visite les ruines.

Eh ! oui. Il y avait ce plateau ; il y avait ces ruines ; il y avait la grotte. Quel émerveillement ! Maman guérie, plus de papa bougon, un ami qui sourit, sa femme qui semble douce, on entre dans un conte. Et voici : le ciel est si bleu qu’il ne pourrait l’être davantage ; le soleil est un soleil franc sans nuages ; le vent s’appelle le mistral ; les arbres sont des figuiers, des amandiers, des oliviers ; et quand on va sur ce plateau, pendant que l’on se hisse sur ces ruines, le grand air qui entre en vous, embaume la lavande ; d’autres plateaux