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Page:Baillon - Le Perce-oreille du Luxembourg, 1928.djvu/82

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— Je n’ai pas volé. Ce sont des…

Elle mit un doigt devant la bouche.

— Il ne faut pas. Rends cela. Que penserait-on chez toi ?

Je me sentis un grand courage :

— Oui, c’est notre secret.

— Notre secret ?

Y mit-elle le point d’interrogation que je trace à présent ? Je ne le compris pas ainsi. Il me vint une grande joie. Elle acceptait. Elle acceptait « notre secret ». Je nous revis dans le jardin : le roi, la reine et derrière eux, voué à sa reine, le page. Je pensai : « Ce sera à jamais. » Il me parut beau de n’en rien dire.

Je dus partir. J’avais demandé un sursis, ce qui me valut une semonce de papa : il était temps que je reprenne mes études pour devenir quelqu’un ; au surplus je ne montrais guère de cœur et l’on s’étonnait que je ne misse pas plus de hâte à revoir ma mère. Il avait raison ; mais cela s’annonçait bien mal.

Tante m’accompagna à la gare. J’avais eu le temps de rassembler quelques « souvenirs » moins personnels : de la lavande, une pierre du château Sarrasin, une écorce de notre arbre, un bout de chiffon qui avait été peut-être un mouchoir. Tante porta la valise qui renfermait ces souvenirs.

L’oncle marchait entre nous. Je restai un