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Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/105

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Oh ! ne plus ramper sur la terre !
Avoir l’ardeur, avoir la flamme, avoir l’amour !
Se délivrer de la fange, ô mystère !
Se baigner dans la rouge aurore et dans le jour !
Pareille aux lutteurs de Sicile,
Toi, guidant leur fougue indocile,
Comme en un tourbillon de feu
Tu lances tes chevaux, selon l’antique règle ;
Et lui, ton clown au toupet bleu
Vole, et plane dans l’air effaré, comme un aigle.

Vous fuyez ! sur la terre noire
Vos pieds impatients ne se posent jamais,
Vos pieds hardis, et plus blancs que l’ivoire.
Sans doute un jour, ayant l’appétit des sommets,
Couple d’amants, épris du faîte,
Dans l’orage et dans la tempête
Devançant le vol du milan,
Bien plus loin que l’Islande et que le pays kurde,
Par un prodigieux élan
Vous vous évaderez loin de ce monde absurde.