Aller au contenu

Page:Banville - Dans la fournaise, 1892.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


L’âne pensif et doux, tout orné de guirlandes,
De la fête en délire est l’hôte essentiel ;
Ses oreilles sans fin se lèvent toutes grandes,
Comme pour déchirer le voile bleu du ciel.

Sur son dos ingénu ballotte une outre pleine,
À moins que ce ne soit, turbulent et divin,
Le beau ventre gonflé de mon père Silène,
Glorieux et ravi d’avoir bu trop de vin.

D’un char à l’autre, on parle, on s’injurie, on joue.
— Holà ! Doris, tu bois à flots inépuisés !
— Hé ! Céléno, qui t’a si bien rougi la joue ?
Sont-ce les noirs raisins, bacchante, ou les baisers ?

Puis, sur un autre char, selon l’antique mode,
On chante ma louange, ou celle d’un héros,
Ou quelque dieu célèbre, et la strophe de l’Ode
Voltige en palpitant sur les lourds tombereaux.