Aller au contenu

Page:Barbey d'Aurevilly - Une vieille maitresse, tome 2.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ché à la porte, hennit et fit un écart de terreur qui sembla ébranler le mur.

— « Qu’a mon cheval ? — dit Ryno, troublé comme une mauvaise conscience ; et ils se levèrent de leur divan agreste, dans la nuit profonde.

— Ce sont les Bas-Hamet qui se lèvent, — dit Vellini. — Ils nous auront entendus à travers le mur, ou peut-être le père va-t-il, cette nuit, pêcher au lançon. »

Ils restèrent quelque temps encore dans l’obscurité. Elle chercha à rallumer la lampe, mais n’y parvenant pas, elle prit une poignée de pailles sèches aux gerbes et la jeta sur les charbons du foyer. La flamme se dressa tout à coup, et, alimentée par le bois de fagot qu’ils y poussèrent, fit rayonner dans tous les coins de la chaumière sa vive clarté.

Marigny continuait d’écouter le faible bruit qu’ils avaient entendu et qui avait effrayé son cheval. Ils allèrent tous les deux à la porte, l’ouvrirent et regardèrent, du seuil. Ils ne virent personne. Le bruit ne s’était pas renouvelé. Le cheval avait encore l’oreille frémissante et l’œil inquiet, et cependant tout était calme, silencieux, solitaire. La lune qui s’enveloppait dans des linceuls de nuages, retirait ses lueurs blafardes et mourantes. La gelée faisait étinceler les neiges tombées. Tout était blanc dans