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Page:Barbier - Les Contes d'Hoffmann, 1881.djvu/63

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ACTE TROISIÈME

ANTONIA

A Munich, chez Crespel. – Une chambre bizarrement meublée ; à droite un clavecin, à gauche, canapé et fauteuil. Violons suspendus au mur ; au fond, deux portes en pan coupé formant enfoncement et donnant sur un balcon. – Soleil couchant. Au fond, entre les deux portes, un grand portrait de femme au mur.


Scène PREMIÈRE

ANTONIA, seule.

Elle est assise devant le clavecin et chante.

Elle a fui, la tourterelle,
Elle a fui loin de toi !

Elle s’arrête et se lève.

Ah ! souvenir trop doux ! Image trop cruelle !…
Hélas à mes genoux je l’entends, je le voi !…

Elle descend sur le devant de la scène.

Elle a fui, la tourterelle,
Elle a fui loin de toi !…
Mais elle est toujours fidèle
Et te garde sa foi !
Bien-aimé, ma voix t’appelle,
Tout mon cœur est à toi.

Elle se rapproche du clavecin et continue en feuilletant la musique.

Chère fleur qui viens d’éclore,
Par pitié, réponds-moi,
Toi qui sais s’il m’aime encore,
S’il me garde sa foi !…
Bien-aimé, ma voix t’implore !
Que ton cœur vienne à moi !

Elle se laisse tomber sur la chaise qui est devant le clavecin.