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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/120

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1630. juillet.

de la terre aux plus hautes dignités, par une ingratitude signalée, avoint tasché a le destruire, assavoir Mr de Berulle que de simple prestre il avoit fait faire cardinal[1] et Mr de Marillac a quy il avoit premierement fait donner en main les finances, et en suitte les sceaux ; qu’il ne pretendoit en l’amirauté de Levant que ce que ceux a quy il avoit succedé a l’amirauté de Ponant y avoint pretendu, et qu’il ne croyoit pas que pour n’estre pas homme d’espée, que Mr de Guyse luy deut usurper de force ce qu’il ne demandoit qu’en justice, ny que pour cela mesdames la princesse de Conty, d’Elbeuf[2] et d'Onano[3] fussent continuellement a ses oreilles[4] pour mesdire de luy ; qu’il avoit obligé Mr le Grand en ce qu'il avoit peu, mais que c’estoit un homme quy, ayant en sa tendre jeunesse possedé la faveur du roy Henry troisieme, croyoit qu’elle estoit de son patrimoine et ne pouvoit souffrir ceux quy la possedoint ; que le pretexte qu’il prenoit de le haïr estoit injuste, veu que le roy, et non luy, avoit donné la lieutenance de roy a une personne nourrie de jeunesse avec luy, de grande qualité, dont le grand pere estoit mareschal de France, et les pere et oncle avoint possedé en Bourgongne la charge totale dont le roy ne luy en avoit donné qu’une parcelle en reconnoissance des services de ses ancestres et des siens, et particulie-

  1. Ce reproche, quant au premier de ces deux personnages, était rétrospectif : le P. de Bérulle, créé cardinal en 1627, était mort en octobre 1629.
  2. Il s’agit ici et dans la suite de la seconde duchesse d’Elbeuf, fille d'Henri IV et de Gabrielle d’Estrées.
  3. Voir t. I, p. 212, note 2, et t. II, p. 283, note 3.
  4. Aux oreilles de la reine-mère.