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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/138

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1631. février.

estoit ; et y estant arrivé, il me dit que la reine mere avoit esté arrestée le matin mesme a Compiegne, d’ou le roy estoit party pour venir coucher a Senlis ; que madame la princesse de Conty avoit eu commandement par une lettre du roy que Mr de la Ville aux Clercs luy avoit portée, de s’en aller a Eu[1] ; que le roy avoit fait madame de la Flotte dame d’attour de la reine, et mademoyselle de Hautefort fille de la reine sa femme[2], et que toutes deux estoint venues a Senlis avec elle ; que le premier medecin de la reine[3] Mr Vautier avoit esté ammené prisonnier a la suite du roy, et finalement qu’il sçavoit de bonne part qu’il avoit esté mis sur le tapis de nous arrester, luy, le mareschal de Crequy, et moy ; qu'il n’y avoit encor esté rien conclu contre eux, mais qu'il avoit esté arresté que l’on me feroit prisonnier le mardy a l’arrivée du roy a Paris, dont il m’avoit voulu avertir affin que je songeasse a moy. Je luy demanday ce qu'il me conseilloit de faire, et ce que luy mesme vouloit faire. Il me dit que s'il n’avoit que cinquante ans,

  1. Le duc de Guise, frère de la princesse de Conti, était comte d’Eu du chef de sa mère Catherine de Clèves.
  2. Catherine le Voyer de Lignerolles, épouse de René du Bellay, baron de la Flotte-Hauterive, était l’aïeule maternelle de Mlle de Hautefort. Elle fut nommée dame d’atour de la reine à la place de Mme du Fargis, mise en disgrâce ; et Mlle de Hautefort, qui était venue à la cour en 1628 comme fille d'honneur de la reine-mère, lui fut enlevée pour entrer au même titre dans la maison de la reine.
  3. De la reine-mère. — François Vautier, premier médecin de la reine-mère depuis 1626, et auparavant un de ses médecins ordinaires, était, au dire du cardinal de Richelieu, « le principal et le plus dangereux instrument de toute la faction. »