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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/163

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journal de ma vie.

peut estre venoit de plus loing, j'eus crainte que mon silence ne fut attribué a gloire, ou a despit. Cela fut cause que je priay le gouverneur de la Bastille de dire de ma part a monsieur le cardinal que je le tenois sy genereux qu’il n'auroit pas voulu me donner cette petite mortification de me faire oster mes appointemens avesques ma liberté, et que je le suppliois tres humblement de me procurer cette grace aupres du roy qu’Elle me donnat ce moyen de pouvoir payer les arrerages des rentes que j'ay constituées en le servant. Monsieur le cardinal me manda (fevrier) qu’il me vouloit obliger en cette occasion, qu’il me promettoit d'en parler avec efficace, et se promettoit de l'obtenir du roy, [et de fait peu de jours apres il me manda qu’il l'avoit obtenu du roy][1], mesmes m'en fit delivrer l'ordonnance. Mais comme on la presenta devant monsieur le cardinal a Mr de Bulion pour la faire payer, il[2] dit que le roy luy avoit expressement deffendu de ne la payer ; sur quoy monsieur le cardinal, sans contester, rompit l'ordonnance ; ce que l'on me fit sçavoir, et je n’y pensay plus. Et en ce mesme temps (avril) fut donné un rude arrest au conseil contre Mr d’Espernon sur quelque exces commis par luy en la personne de l’archevesque de Bordeaux ; neammoins le roy voulut et opiniatra que monsieur le cardinal eslongnat ledit archevesque d’aupres de luy, ce qu’il fit[3].

  1. Inédit.
  2. Il, M. de Bullion, alors surintendant des finances.
  3. L’archevêque de Bordeaux fut éloigné de la cour seulement après l’absolution donnée par lui le 20 septembre au duc d'Épernon, pour s’être servi dans cet acte de termes qui n’étaient point