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1629. mars.

bien de recevoir cette injure. Laissés nous faire seulement. » Allors monsieur le cardinal luy dit : « Sire, a la mine de monsieur le mareschal j’en augure tout bien : soyés en asseuré. »

Sur ce je m’en vins a Mr de Crequy et mis pié a terre avec luy, ayant donné le sinnal du combat. Mr le mareschal de Chomberg quy ne faisoit que d’arriver, ayant esté contraint de demeurer derriere pour la goutte qu’il eut, s’en vint a cheval voir la feste. Nous passames le bourg de Jallasse que les ennemis avoint quitté. Au sortir de ce village nous fusmes salués de quantité de mousquetades des ennemis quy estoint sur les montaignes et a la grande barricade, et de quantité de canonnades du fort de Jallasse, et comme nous nous avancions toujours, Mr de Chomberg fut blessé aux reins d’une mousquetade quy venoit des montaignes a gauche. Lors les nostres des deux ailes ayant gaigné les eminences[1], tirerent au derriere de la barricade, et nous, y donnans teste baissée, nous leur fismes abandonner : allors nous les suyvismes sy vivement qu’ils n’en peurent garder aucune de celles qu’ils avoint. En suitte y entrans pesle mesle avec eux, le commandeur de Valançay prit le haut a la gauche avec les Suisses, ou il fut blessé d’une mousquetade au genoul et en chassa les Valesiens que le comte de Verrue

    armée pour aller au secours du duc de Mantoue ; mais comme il essayait de forcer la frontière du marquisat de Saluces, cette armée fut défaite, et se dispersa : « ses troupes, dit Le cardinal de Richelieu dans ses mémoires, ne joignirent pas sitôt les frontières de l’ennemi, qu’elles ne fussent défaites comme la neige qui seroit touchée du feu. »

  1. Il y avait aux précédentes éditions : les ennemis.