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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/195

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journal de ma vie.

jouissance jusques a ce qu’il leur prit fantaisie d'en faire autant.

Le duc Bernard de Saxe Waimarch s’estoit retiré de dela le Rein qu’il avoit repassé, et estoit venu assés viste jusques a Sarbruch[1], lors que Mr le cardinal de la Vallette s'approcha pour le soustenir[2] avec l’armée que nouvellement il commandoit, et lors ils furent considerables aux Imperiaux ; car le duc Bernard avoit bien ammené sept a huit mille chevaux ; de sorte que le Galas ayant assiegé les Deux Ponts[3], et ayant desja capitulé[4], oyant que les nostres arrivoint au secours, il se retira la nuit et repassa le Rein.

En ce temps là la ville de Francfort se voyant abandonnée de secours, n’y ayant plus d'armée dela le Rein que celle du landgraf de Hessen, bien empesché de garder ses propres païs, envoya des deputés au roy de Hongrie pour se mettre en la protection de l’empereur, lors que le landgraf et le duc Bernard jugeans de quelle importance pour le party estoit la conservation de cette puissante ville, manderent au cardinal de la Vallette de passer le Rein a Mayence, et que le landgraf se joindroit au duc Bernard et a luy pour tascher de secourir Francfort, et que peut estre il y auroit moyen de s’en saisir ; quy seroit un grand avantage pour leur party et un moyen de faire hiverner leurs armées dela le Rein, ce qu’il ne croyoit pas du tout impossible puis que nous avions encores une forte garnison a Saxe-

  1. Saarbrück, sur la rive gauche de la Sarre.
  2. Sur l'ordre donné par une lettre du roi du 20 juillet.
  3. Deux-Ponts, en allemand Zweibrücken, sur la rive gauche de l’Erlbach, affluent de la Sarre.
  4. Et Deux-Ponts ayant déjà capitulé.