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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/196

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1635. septembre.

hause quy est un faubourg fortifié dela le Mein[1]. Mais comme, au commencement de septembre, Mr le duc de Waimarch et Mr le cardinal de la Vallette eurent passé le Rein a Mayence pour se joindre au landgraf quy s’estoit approché a une journée d’eux, ceux de Francfort avertis ou se douttans du dessein que nous avions de nous saisir de leur ville, se resolurent de chasser la garnison de Saxehause et de traitter avec le roy de Hongrie. Ils firent le premier sans resistance de cette garnison, et le second aux conditions qu’ils voulurent ; dont le landgraf estant averty se retira en son païs, et nos armées se campèrent proche de Mayence, et celle de Galas a une lieue d’elles, les unes et les autres s’estans retranchées ; la nostre en extreme necessité de vivres, et celle de Galas se grossissant des garnisons voysines et des trouppes quy avoint bloqué Manhem, (quy se rendit en ce mesme temps)[2]. Galas fit dessein de couper le retour et le chemin des vivres a nostre armée : pour cet effet il fit passer le Rein a trois mille Cravates[3] le 20me de septembre, et avec le reste se prepara pour les suyvre ; dont le duc de Waimarch et le cardinal ayans eu avis, et se jugeans perdus sy Galas se mettoit entre la France et eux, laisserent leurs malades a Mayence, et ayans troussé bagage repasserent le Rein

  1. Francfort est sur la rive droite, et Sachsenhaus sur la rive gauche du Mein.
  2. Manheim, au confluent du Neckar et du Rhin.
  3. Il s’agit sans doute ici de Croates, troupes légères employées par Gallas. Mais le duc de Lorraine entretenait aussi des soldats que l’on appelait Cravates, bien qu’ils fussent lorrains ou de toute autre nation, et qui surpassèrent les Croates par leurs excès de tout genre.