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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/197

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journal de ma vie.

pour s’en retourner. Ils firent a peu de là rencontre de ces Cravates ja passés, les chargerent, et eux selon leur coustume ordinaire lascherent le pié et s’esvanouirent devant eux. Nos gens ravis pensoint avoir deffait l’armée de Galas, ayans mesmes trouvé treise petites pieces de campaigne qu’un cheval peut trainer, de sorte qu'ils croyoint leur retour asseuré, quand a quattre heures de là ces mesmes Cravates retournèrent a les harceller et ne les ont quittés qu'a six lieues de Mets, tuans ce quy demeuroit derriere ou quy ne gardoit pas bien son ordre. Nous y perdimes huit pieces de canon et presque tout le bagage de nostre armée, et ceux quy ne peurent suyvre trente six heures durant que la retraitte dura sans loger ny repaitre avec mille peines et incommodités ; et Galas quy suyvoit, les faillit de six heures, sans quoy cette armée eut esté tout a fait perdue.

Le roy estoit lors a Chalons avesques quantité de trouppes et de gentilshommes des arriere bans, quy s’avança pour soustenir ses armées et pour assieger Saint Mihel que Lesmon[1] avoit pris pour Mr le duc de Lorraine.

Le duc d’Angoulesme demeuroit, sans rien faire, campé proche de Luneville, laissant perdre son bagage a Saint Nicolas ; et peu apres encores au mesme lieu les ennemis prindrent un convoy de cinq cens charrettes de farines quy alloit a Luneville ; et laissoit payer la contribution a la pluspart de la Lorraine au

  1. François de Saligny, seigneur de Leymont, fils de Wary de Saligny, seigneur de Leymont, et d’Antoinette de Florainville, bailli de Clermont, maréchal de camp du duc de Lorraine. Il mourut en 1636.