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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/216

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1636. septembre.

dre ; aussy n’y pensay je plus et fis mon jubilé le dimanche 21me de ce mesme mois, pour me mettre entre les mains de Dieu, puis que je ne pouvois rien esperer des hommes.

Je sceus quasy en mesme temps que le roy avoit fait raser puis brusler le chasteau de Dommartin[1] appartenant a mon neveu de Bassompierre, que l’on me manda aussy estre hydropique formé, et en grand danger, dans Vesou[2].

En ce mois le roy donna sa lieutenance generale a Monsieur son frere quy en vint prendre possession, et l’armée passa la riviere de Somme apres avoir failly de deffaire l'arriere garde de celle des ennemis quy la repasserent en mesme temps et se retirerent en Flandres apres avoir muny les trois places qu'ils avoint prises, autant que le peu de temps que l'on leur en donna leur peut permettre, et avoir enlevé et deffait le colonel Eichfeld avesques son quartier[3].

En ce temps il arrivoit de tous costés des trouppes et de la noblesse, de sorte que l’armée du roy estoit de plus de cinquante mille hommes, lesquels s’occuperent a faire la circonvallation de Corbie, munie de plusieurs

  1. Dommartin-sur-Vraine, aujourd’hui bourg du canton de Chatenoy, arrondissement de Neufchâteau, département des Vosges, était alors le siége d’une baronnie que Marguerite de Dommartin, aïeule du maréchal, avait apportée en partie dans la maison de Bassompierre.
  2. Vesoul, en Franche-Comté.
  3. Le quartier du colonel allemand Eggenfeld, qui venait joindre l’armée française, fut enlevé à Montigny, entre Corbie et Doullens, par un parti que commandait Jean de Wert. Parmi les prisonniers se trouva un jeune Roderic de Wurtemberg, fils de Jules-Frédéric de Wurtemberg et d’Anne-Sabine de Holstein.