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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/293

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journal de ma vie.

rettes et chariots de convoy a la mercy des ennemis ; laquelle infanterie s’estant remparée des chariots fit sa retraitte sy bien qu’elle rammena ledit convoy sans aucune perte a Tanne, le duc de Weimarch ne l’ayant jamais peu forcer. Mais comme la mauvaise fortune se jette toujours sur ceux qu’elle a commencé de persecuter, mon neveu de Bassompierre qu’avec beaucoup de rayson j’ayme parfaitement, ayant peu de mois auparavant esté honoré par l’empereur de la charge de grand mestre de son artiglerie aux provinces de deça le Danube, en estoit venu prendre possession aux armées imperiales quy despendoint de sa charge ; et ayant premierement passé dans celle d’Axfeld en Hesse, puis en celle de Picolomini, estoit finalement venu se faire reconnestre et recevoir en l’armée commandée par le duc de Lorraine six jours auparavant ce combat, et estoit prest d’en partir quand ledit duc fit resolution de jetter des vivres dans Brisac, ce quy obligea mon neveu (que je puis dire sans flatterie ny adulation quy ne cherche que les occasions d’acquerir de l’honneur), de demeurer pour se trouver en ce rencontre ; et s’estant mis a la teste de la cavalerie quy fuit sy laschement, ne voulut faire comme eux, et avec vingt ou vingt cinq chevaux quy ne le voulurent abandonner chargea les ennemis, et son cheval ayant esté tué sous luy, il fut pris prisonnier et mené a Colmar ou il fut tres bien traitté et avec beaucoup de courtesie par le duc de Weimarch quy, estant retourné a son blocus de Brisac, le laissa dans ledit Colmar en la garde du marquis de Monthausier[1] quy le traitta

  1. Charles de Sainte-Maure, baron, puis marquis, puis duc de