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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/39

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journal de ma vie.

mença expressement[1] par moy a demander mon opinion, affin d’avoir sujet de respondre là dessus, et comme j'ouvris la bouche pour parler, il dit : « Je vous la demande ; mais je ne la suivray pas : car je sçay desja bien qu’elle va à les faire couvrir, et que ce que vous en faites est a la recommandation d’Augustin Fiesque quy est avec vous. »

Cela me piqua, et luy respondis :

« Sire, s’il vous plaisoit de faire reflexion sur mes actions passées, vous connoistriés que le bien de vostre service, et vostre gloyre particuliere, ont toujours esté mes principaux interets. Je n’en ay aucun, ny pratique avec la republique de Gesnes ; et quand j'en aurois, ils cederoint a ceux que j'ay pour vostre service. Don Augustin Fiesque est mon amy, et il m’a bien plus d'obligation que je ne luy en ay ; et quand je luy en aurois, vous me croyriés bien leger et bien inconsideré sy je vous desservois en sa faveur. Finalement, Sire, le serment que j'ay a vostre conseil m'oblige de vous donner le mien selon mon sentiment et ma conscience ; mais puisque vous jugés Sy mal de ma preudhomie, je m'abstiendray, s’il vous plait, de vous donner mon avis. »

« Et moy (dit le roy extreordinairement en colere), je vous forceray de me le donner, puis que vous estes de mon conseil et que vous en tirés les gages. »

Monsieur le cardinal, au dessous de quy j'estois, me dit : « Donnés le, au nom de Dieu, et ne contestés plus. » Lors je dis au roy :

« Sire, puis que Vostre Majesté veut absolument que

  1. Exprès.