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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/40

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1629. avril.

je luy die mon opinion, elle est que vos droits et ceux de vostre couronne se desperiroint sy par cet acte vous accordiés la souveraineté aux Gesnois, que vous pretendés avoir sur eux, et que vous les devés entendre teste nue comme vos sujets, et non couverte comme republicains. »

Allors le roy se leva en forte colere et dit que je me moquois de luy et qu’il me feroit bien connestre qu'il estoit mon roy et mon maitre, et plusieurs autres choses pareilles ; et moy je n’ouvris plus la bouche pour dire une seule parolle. Monsieur le cardinal le remit, et il fit suivre les opinions quy furent toutes que l’ambassadeur de Gesnes parleroit couvert a l’audience. Apres cela le roy se leva et alla faire faire l’exercice aux gardes. Le soir nous vinmes a la musique du roy quy ne dit pas un mot aux autres de peur de m'en dire un a moy, et ne fit que gronder.

Le vendredy 27me l'ambassadeur de Gesnes eut audience.

Le roy fut voir Madame quy le revint voir.

Je demanday a monsieur le cardinal ce que je ferois du mot ; car sy je le faisois prendre par un mareschal de camp, le roy s’offenseroit, et s’offenseroit peut estre encores sy je luy allois demander. Monsieur le cardinal parla sur ce sujet au roy quy luy dit que je luy demandasse et que je ne luy fisse ny escuses ny reproches, et que c’estoit la peine ou estoit le roy, sa colere estant passée, et ayant reconnu qu’il avoit tort de se prendre a moy pour une chose dont je ne parlois que pour son service. Je pris donc le mot de luy et luy parlay en suitte, et luy a moy comme auparavant.

Le roy ouit en suitte le marquis Striggi, ambassa-