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Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 4.djvu/94

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1630. mars.

retourna tres mal satisfait, desclarant que les Suisses estoint en l’indignation de toute la maison d’Austriche.

Le jeudy 7me la pluspart des deputés vindrent disner ou souper avec moy ; et quelques uns des plus grands partisans d’Espaigne, comme Berlinguer et Lutsy[1], ayans descouvert par ma proposition les fourbes espagnoles quy ne tendoint qu’a la subversion de leur estat, me vindrent voir en particulier pour m’asseurer que, comme bons patriotes, ils se porteroint au restablissement des Grisons dans leur ancienne liberté, et qu’en cette affaire là ils n’assisteroint point les Espagnols, mais leur seroint ennemis.

Le vendredy 8me la diette finit. Toute l'assemblée vint en corps me rendre response et prendre congé de moy : puis chasque carton catholique vint ce jour là me dire adieu, et tous les protestans vindrent conferer avesques moy sur leurs particulieres affaires.

Le samedy 9me les protestans vindrent prendre congé de nous.

Le dimanche 10me je licenciay forces capitaines pretendans quy m’estoint venus trouver, et les renvoyay jusques a ce que je voulusse faire la levée quy m'avoit esté accordée.

Le lundy 11me j’envoyay un gentilhomme a Suse trouver monsieur le cardinal a quy je fis une ample despesche tant du succes de la diette, que des nouvelles d’Allemaigne et d’ailleurs.

Le mardy 12me je me trouvay un peu mal des desbauches faittes durant la diette, et me fis saigner.

Je demeuray cependant en l'attente de ce quy devoit

  1. Sans doute un fils de Gaspard Lussy, du canton d’Unterwald, qui était en 1593 colonel au service d'Espagne.