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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/71

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le mort s’est trompé d’étage

LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE 69 en mai, je crois, ma femme reçut une lettre ano- nyme fort grossière, qui lui enjoignait de se trou- ver, un soir, seule, dans un lieu désert, proche de notre propriété, faute de quoi un document très compromettant pour elle me serait envoyé. Mais Évelyne avait toute confiance en moi et m’avait raconté de quelle odieuse machination elle avait été victime, alors qu’elle était encore une enfant. Elle me montra la lettre et c’est moi qui allai ren- contrer Victor. Pardon, interrompit Josseaume, si la lettre était anonyme, comment avez-vous su qu’elle éma- nait de Victor ? Ma femme, qui, j’ai omis de le dire, habitait avant notre mariage avec les Armancé, s’était aperçue maintes fois des indiscrétions du maître d’hôtel. Elle était presque sûre qu’il lui avait dérobé des lettres. La menace ne pouvait venir que de lui. Couvert d’une ample pèlerine sous laquelle je cachais un bon gourdin, j’attendis dans l’ombre, à l’endroit convenu, et, quand le drôle arriva, je lui administrai la plus belle volée qu’il ait reçue de sa - vie. Oh ! il essaya de regimber et de sortir son re- volver, mais il n’avait pas mis la main à sa poche qu’un bon coup sur les jointures lui faisait lâcher prise. Je terrassai l’homme et ramassai son arme. Il dut me restituer les lettres volées à Évelyne. Mais je le fouillai en vain pour trouver un docu- ment que je désirais vivement lui reprendre, car il était compromettant pour la mémoire de mon cousin Raoul d’Armancé. J’eus beau frapper, menacer, la crapule me jura ses grands dieux que Raoul lui avait repris ce papier et l’avait détruit.