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Page:Baumal - Le Féminisme au temps de Molière, 1926.pdf/74

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LE FÉMINISME AU TEMPS DE MOLIÈRE

sier et répugnant. Le dialogue d’Armam et d’Henriette est instructif à cet égard :

Armande.

Quoi ! le beau nom de fille est un titre, ma sœur,
Dont vous voulez quitter la charmante douceur[1] ?
Et de vous marier vous osez faire fête ?
Ce vulgaire dessein vous peut monter en tête ?

Henriette.

Oui, ma sœur.


Armande.

Ah ! ce oui se peut-il supporter ?
Et sans un mal de cœur saurait-on l’écouter ?…
…Ah ! fi ! vous dis-je.
Ne concevez-vous point ce que, dès qu’on l’entend,
Un tel mot à l’esprit offre de dégoûtant,
De quelle étrange image on est par lui blessé,
Sur quelle sale vue il traîne la pensée ?

Armande est une orgueilleuse et une prude ; elle « traite de mépris les sens la matière » et professe que la philo-

  1. Il y a tout un chapitre dans le roman de l’abbé Pure sur la dignité comparée de l’état de fille et de l’état de femme. De là cette allusion au « beau nom » de fille.