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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/181

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mille odieuses caresses. Le petit criait et se débattait, ses joues devinrent rouges comme la fleur de grenade, et ses yeux humides étincelaient de dépit. Dans son désespoir, il jeta un regard si significatif à Nouronihar, que le Calife s’en aperçut, et dit : Serait-ce là votre Gulchenrouz ? — Souverain du monde, répondit-elle, épargnez mon cousin, dont l’innocence et la douceur ne méritent pas votre colère. — Rassurez-vous, reprit Vathek, en souriant ; il est en bonnes mains ; Bababalouk aime les enfants, et n’est jamais sans dragées ni confitures. La fille de Fakreddin, toute confondue, laissa emporter Gulchenrouz, sans dire une parole. Cependant le mouvement du sein de Nouronihar découvrait l’agitation de son cœur. Vathek en était transporté, et se livrait à tout le délire de sa plus vive passion ; on ne lui opposait plus qu’une faible résistance, lorsque l’Émir, entrant subitement, se jeta aux pieds du Calife, le front contre terre. Commandeur des Croyants, lui dit-il, ne vous abaissez