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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/182

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pas jusqu’à votre esclave. — Non, Émir, repartit Vathek, je l’élève plutôt jusqu’à moi. Je la déclare mon épouse, et la gloire de votre famille s’étendra de génération en génération. — Hélas ! Seigneur, répondit Fakreddin en s’arrachant quelques poils de la barbe, abrégez les jours de votre fidèle serviteur, avant qu’il manque à sa parole. Nouronihar est solennellement promise à Gulchenrouz, le fils de mon frère Ali Hassan ; leurs cœurs sont unis ; la foi est réciproquement donnée : on ne saurait violer des engagements aussi sacrés. — Quoi ! répliqua brusquement le Calife, tu veux livrer cette beauté divine à un mari encore plus femme qu’elle ! Tu crois que je laisserai flétrir ses charmes sous des mains si lâches et si faibles ! Non, c’est dans mes bras qu’elle doit passer sa vie ; tel est mon plaisir ! Retire-toi, et ne trouble pas cette nuit, que je consacre au culte de ses attraits. L’Émir outré tira alors son sabre, le présenta à Vathek et, tendant son col, il lui dit d’un ton ferme : Seigneur, frappez