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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/183

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votre hôte infortuné ; il a trop vécu puisqu’il a le malheur de voir que le Vicaire du Prophète viole les saintes lois de l’hospitalité. Nouronihar, qui était resté interdite pendant toute cette scène, ne put soutenir davantage le combat des diverses passions qui bouleversaient son âme. Elle tomba en défaillance, et Vathek, aussi effrayé pour sa vie que furieux de trouver de la résistance, dit à Fakreddin : Secourez votre fille ! et il se retira en lui lançant son terrible regard. Le malheureux Émir tomba sur-le-champ à la renverse, baigné dans une sueur mortelle.

Gulchenrouz, de son côté, s’était échappé des mains de Bababalouk, et revenait en ce moment, lorsqu’il vit Fakreddin et sa fille étendus par terre. Il cria au secours, tant qu’il put. Ce pauvre enfant tâchait de ranimer Nouronihar par ses caresses. Pâle et haletant, il ne cessait de baiser la bouche de son amante. Enfin, la douce chaleur de ses lèvres la fit revenir, et bientôt elle reprit tous ses sens.